Influence de l’état sanitaire des populations du passé sur la mortalité en temps de peste : contribution à la paléoépidémiologie

Résumé de la thèse de doctorat de Sacha Kacki, membre du GPLF, publié dans les BMSAP.

Les épidémies de peste qui ont régulièrement frappé l’Europe depuis le VIe siècle de notre ère, bien que largement documentées par les sources historiques, restent encore mal connues du point de vue épidémiologique. Une incertitude demeure notamment quant à savoir si la maladie cibla préférentiellement certaines catégories de population ou entraîna au contraire une mortalité uniforme. Le présent travail contribue à cette discussion par le prisme de l’étude anthropologique et paléopathologique d’un large corpus de squelettes médiévaux et modernes (n = 1090) issus de quatre sites d’inhumation de pestiférés et de deux cimetières paroissiaux utilisés hors contexte épidémique. Les résultats révèlent une signature démographique commune aux séries de peste, qui s’avère distincte d’un modèle de mortalité naturelle, mais en adéquation avec la structure d’une population vivante préindustrielle. L’analyse de divers indicateurs de stress suggère par ailleurs que les victimes de la peste jouissaient d’un meilleur état de santé préexistant que les individus morts d’autres causes. Les résultats tendent à prouver que les facteurs causaux de ces lésions, d’accoutumé responsables d’une diminution des chances de survie, n’eurent qu’une faible influence sur le risque de mourir de l’infection pesteuse. L’étude démontre in fine que la peste fut par le passé à l’origine d’une mortalité non sélective, frappant indistinctement les personnes des deux sexes, de tout âge et de toute condition sanitaire.

https://link.springer.com/article/10.1007%2Fs13219-017-0189-6

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